19/08/2018

Sur les chemins de mon enfance


A Portela (Orense, Galicia, España)


Comme chaque année, je suis revenue sur les chemins de mon enfance. Ce retour aux sources est un besoin, une évidence.

Combien de fois ai-je parcouru ces chemins comme un cabri ? C'était le temps de l'insouciance des premières années. C'était le temps de la liberté et de la gaîté. C'était le temps de la bienveillance de mes grands-parents qui m'ont élevée. C'était le temps des repas de famille et des fêtes de village.

J'ai remis mes pas sur ceux de mes ancêtres. Je retrouve la fraîcheur des sous-bois, le bruit du ruisseau et de la fontaine où je suis venue souvent étancher ma soif, l'ombre des châtaigniers, les cailloux d'ardoise qui ont trop souvent écorché mes genoux.

Tout y est ou presque. Il manque mes êtres chers. Je revois ma grand-mère accroupie en train de guider l'eau pour arroser ses quelques plans de tomates ou de salades. Je revois mon grand-père en équilibre sur ces flancs de montagne, le front ruisselant, écrasé par la chaleur, au moment de la fenaison. Il manque le rire des enfants, et nous étions de nombreux cousins à vivre ensemble sous l'œil vigilant et néanmoins attendri de la grand-mère.

Le village n'est plus que l'ombre de lui-même. Les anciens ne sont plus. Les plus jeunes sont partis au gré des exigences de la vie vers des lieux plus appropriés à une vie moderne. Les maisons se sont vidées et les aléas du temps les détruisent pierre après pierre. Seul le chant des oiseaux, quelques chats errants et le vent qui siffle entre les pierres m'accueillent.

Qu'il est doux de revenir… pour ne pas oublier !

A Portela, situation géographique


03/06/2018

Celles par qui tout a commencé...



Nous avons tous un motif pour nous lancer un jour dans la généalogie. Certains vont chercher à élucider un secret de famille, d'autres vont partir sur les traces d'un ancien combattant, d'autres encore partent en quête de leur passé pour comprendre le chemin parcouru par leurs anciens.

C'est en interrogeant sa grand-mère paternelle dès son plus jeune âge que mon mari s'est lancé dans la recherche de ses ancêtres : à partir de là, la généalogie allait devenir une passion.

- Dis mémé comment elle s'appelait ta maman ?
- Marie TABUTAUD.
- et la maman de pépé, elle s'appelait comment ?
- Marguerite TABUTEAU.
- Ah, c'est le même nom. Elles sont de la même famille ?
- Ben non mon petiot, rien à voir, ça s'écrivions point pareil !

Tout aurait pu en rester là mais le "petiot" était quand même intrigué et même si à l'époque il n'a pas mis la parole de sa grand-mère en doute, la graine avait germé dans son esprit et il n'a eu de cesse depuis tout ce temps d'élucider ce qui pouvait apparaître comme une simple coïncidence. Depuis ces premières interrogations, il a appris à mener une enquête généalogique et surtout à éliminer tous les préjugés notamment ceux concernant l'orthographe des patronymes. Une règle : il n'y en a pas !

Ce blog ne peut donc démarrer sans évoquer ces deux arrière-grand-mères paternelles : 
Marie TABUTAUD et Marguerite TABUTEAU.

Marie TABUTAUD est née le 18 février 1872 à Azat-le-Ris (87) au lieu dit La Courandière. Elle est la fille naturelle de Marie TABUTAUD, dite P'te Marie. Sa naissance est déclarée par son grand-père François TABUTAUD et sa mère la reconnaîtra en décembre. Elle épousera Etienne Alphonse LEBEAU le 15 février 1896 à Azat-le-Ris. Etienne n'était pas du cru. Il est né à Leignes dans la Vienne et habite depuis moins de six mois avec ses parents à Jouhet (86). Malgré la distance, les parents d'Etienne seront présents au mariage ainsi que deux de ses frères. Chez les LEBEAU, le père et les fils étaient tous cultivateurs.

Les deux Marie TABUTAUD, la mère à droite et la fille à gauche en 1928


Le hameau où a vécu ce couple est excentré du centre bourg d'Azat-le-Ris (87). à la limite du département de la Vienne. Il est notamment à moins d'1 km d'un autre hameau, La Betouille, qui lui fait partie de la commune de Lathus (86). Au cours de nos recherches nous avons bien souvent traversé le gué sur le Salleron, qui est la frontière naturelle entre la Vienne et la Haute-Vienne. Nous n'avons pas de détails sur la rencontre entre Etienne et Marie, mais on peut s'imaginer qu'elle a eu lieu au cours d'une foire sur Lathus ou au cours d'un bal. 

Nous avons suivi le parcours de ce couple de la Haute-Vienne vers la Vienne sans doute au gré des lieux où Etienne a travaillé en tant que cultivateur. Marie et Etienne vont rester pendant quelques années à La Courandière. C'est là que vont naître leurs deux premières filles Louise dite Eglantine née en 1896 et Marie Louise dite Thérèse née en 1898. A partir de 1899, ils vont s'installer à Lussac-les-Châteaux au lieu dit Vaux où vont naître les filles suivantes Marie Louise Adeline dite Fernande née en 1899, Julia Alexandrine née en 1902, Louise Valentine née en 1904. Ils iront ensuite à La Borlière où va naître le dernier de leurs enfants : ce sera un fils, Eugène Clément, né en 1907.

Après avoir élevé leurs six enfants, ils vont également s'occuper de leurs petits enfants et notamment de mon beau-père qui a toujours gardé un souvenir très attendrissant sur les années passées chez ses grands-parents à Persac au lieu dit Le Petit Port.

Lorsqu'Etienne ne sera plus en état de travailler la terre, les enfants se réunissent en conseil de famille et décident de prendre en charge leurs parents chacun leur tour. Etienne et Marie finiront leurs jours à Gouex chez leur fille Thérèse. Marie partira la première en 1947, Etienne la suivra en 1950.

Lieux de vie des couples Marie TABUTAUD - Etienne LEBEAU    et    Marguerite TABUTEAU - Louis FOUGERE
© Google Maps
Marguerite TABUTEAU est née le 03 août 1859 à Saulgé (86) au lieu-dit Poilieux. Elle est la fille de Pierre et d'Agathe RATOULIS. Elle épousera Louis FOUGÈRE, dit Léon, le 18 novembre 1875 à Saulgé. Lorsqu'ils se marient, Marguerite (16 ans) et Louis (23 ans) ont déjà vécu des deuils : Marguerite a perdu sa mère alors qu'elle avait 4 ans et Louis n'avait que 17 mois lorsque sa mère décède et il en avait à peine 8 au décès de son père. Tous deux ont sans doute du trouver leur place dans des familles recomposées. Pierre, le père de Marguerite, présent au mariage de sa fille, a refait sa vie avec Marie BRIAUD, une voisine de Poilieux. Joseph, le père de Louis, s'était remarié deux ans après le décès d'Agathe avec Anne Julienne AUGRIS.

En examinant les recensements de Saulgé, nous comprenons que Marguerite a probablement quitté le domicile familial très rapidement. En 1872, Marguerite n'a que 13 ans, sa sœur Françoise en a 15 et elles n'apparaissent nulle part à Saulgé. Où étaient-elles le jour du recensement ? Étaient-elles hébergées dans la famille ? Étaient-elles déjà servantes quelque part ? Elles se marient toutes les deux en 1875, et à cette époque, elles étaient déjà servantes au lieu dit "Léché", un hameau proche de Poilieux.

Marguerite s'installera avec son époux dans la ferme exploitée par les FOUGERE à Moulismes au lieu-dit La Ligaudière où vont naître leurs 3 premiers enfants : Louis né en 1877, Pierre né en 1878 et Suzanne née en 1881. A La Ligaudière, Louis est domestique agricole sur la ferme dont le colon est Jean NALLET époux de Françoise FOUGERE, sa sœur aînée. A partir de 1883, il emmène sa famille sur Persac au lieu-dit Les Aubières où il sera colon à son tour. C'est là que vont naître leurs 9 autres enfants : Auguste en 1883, Louise Marcelline en 1886, Marie Louise en 1889, Marcel Gabriel en 1892, Anna Ernestine en 1894, Alice et Louis Ernest en 1897, Louis Joseph en 1898 et Camille Henri en 1901.

Marguerite TABUTEAU et Louis FOUGERE entourés de leurs 12 enfants,
en 1908 pour le mariage de leurs filles Louise Marcelline et Marie Louise


Voilà deux destins différents sur deux territoires de la Vienne et de la Haute-Vienne. Marie a une lignée patronymique sur de nombreuses générations autour d'Azat-le-Ris (87) et de Lathus (86). La lignée de Marguerite est plutôt sur Saulgé, Sillars et Plaisance. Tout semble donner raison à la grand-mère qui persistait à penser que ces deux là n'avaient aucun lien. Et pourtant !

Il nous a fallu près de 15 ans de recherches, des dizaines voire des centaines d’heures de dépouillement d’actes pour identifier au final Vincent TABUTEAU, né en 1639 à Lathus, ancêtre commun de Marie et Marguerite. Oui les deux grands-mères étaient bien cousines, certes à la 7e génération, mais indubitablement cousines ! Seul petit bémol à cette quête, la grand-mère de mon mari ne saura jamais que sa mère et sa belle-mère avaient un lien de famille lointain et avéré et ... surtout qu'elle-même cousinait avec son mari !


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Sources
Archives départementales de la Vienne et de la Haute-Vienne, mémoire familiale



Sur les chemins de mon enfance

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